jeudi 12 août 2010

On ne change pas

J'ai passé ma vie à me poser trop de questions. À tout analyser dans tous les sens, à me gratter mes bobos jusqu'au sang pour les empêcher de cicatriser, à angoisser dans le noir de ma chambre la nuit en pleine crise d'insomnie parce que je ne trouvais pas de réponses à mes questionnements soit-disant existentiels.

Remarquez que j'avais juste ça à faire à l'époque, me morfondre sur mes petits problèmes de mousse de nombril. J'étais seule, cloîtrée entre quatre murs par la maladie et avec des énergies et des distractions qui s'épuisaient rapidement. Je pensais, j'espérais que les choses allaient changer une fois ma vie retrouvée, une fois le célibat laissé derrière, et ça s'est calmé pendant plusieurs mois. J'y ai presque cru.

Jusqu'à en fin de semaine, où les idées noires sont revenues, accompagnées d'une solide remise en question. Pour ma seule défense, j'étais enrhumée depuis plusieurs jours et je manquais de sommeil. Je voyais la phase dépressive se pointer le bout du nez sans trop savoir comment l'éviter. Elle m'a rentré dedans bien comme il faut, et c'est mon pauvre homme qui a écopé. Crise de larmes, mal au cœur, les mots qui sortent tout croche... Parce que la remise en question le concernait en grosse partie, par rapport à l'intensité de mon amour pour lui après trois mois de relation. Angoisse du fameux terrible trois mois peut-être? Je ne sais pas. Je ne pensais pas être capable d'en parler, ne voulais pas en parler parce que j'avais trop peur que mes mots le blessent, l'inquiètent pour rien. Parce que je me connais.

La dépression court dans ma famille depuis de nombreuses générations, chez les femmes de surcroît. On y est toutes passées, sans exception, de mon arrière-grand-mère qui a déjà été traitée aux chocs électriques au cerveau jusqu'à moi. J'ai consulté une psychologue pendant deux ans suite à la mort de ma meilleure amie. Ça n'a pas été qualifié de dépression comme telle, mais plutôt comme une tendance à passer au travers de périodes dépressives. Je suis de nature enjouée habituellement, j'aime rire et sourire aux autres et je pleure rarement. Mais parfois, ça arrive, comme ça, sans avertissement. Et ça gruge beaucoup d'énergie, pour moi et pour les autres autour. J'aurais voulu épargner ça à mon homme, mais en même temps, c'est une facette de ma personnalité qu'il doit connaître. Je ne veux rien lui cacher. Comme ça, pas de mauvaises surprises.

Je pensais que c'était parti, mais non. Faut croire qu'on ne change pas vraiment. Et que l'amour ne règle pas tout. Suffit de rester vigilante, j'imagine.

3 commentaires:

  1. Non, rien n'est jamais complètement et totalement réglé quand on parle de dépression. Ça ne veut pas dire qu'on reste dépressive (moi j'ai fait une dépression diagnostiquée il y a 10 ans environ), mais on reste fragile. Et si c'est chiant parfois, je crois que cette fragilité-là aide à replacer sa vie quand elle ne s'en va pas dans la même direction. Et ça, c'est très positif. Je te souhaite que ça n'ait été qu'un tout petit nuage noir. Et repose-toi ! Car la fatigue n'aide jamais.

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  2. Je suis entièrement d'accord avec toi l'impulsive. Rien n'est jamais vraiment réglé face à la dépression. Je me sort la tête de l'eau tranquillement depuis que j'ai touché le fond il y a deux ans et je suis encore très fragile et je crois que cette fragilité aide à aller de l'avant car dans cette fragilité il y a beaucoup de force.

    Il ne faut pas cacher cette facette de nous même car cela peut être pire. Prends soin de toi et repose toi.

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  3. Merci les filles pour vos commentaires. Ça fait toujours du bien de voir qu'on est pas seul à vivre des trucs comme ça. :)

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