jeudi 10 mars 2011

I'm sorry, I don't speak English

Cou donc, au Québec, qu'est-ce qu'on a donc tous contre l'anglais comme langue seconde?

Oui oui, je pars ce texte avec cette belle question! À en croire les ardents défenseurs de la loi 101, je suis équipée pour partir un débat. Je la trouve bonne, moi, l'idée de Jean Charest d'implanter des cours d'anglais intensif à tous les élèves de 6e année du primaire. C'est important de savoir parler l'anglais de nos jours, même pour nous petits Québécois que nous sommes.

Ce n'est pas une tare, ni un défaut, ni une calomnie que d'être bilingue, trilingue, polyglotte même! Savoir maîtriser plus d'une langue, c'est une richesse, une ouverture sur le monde qui nous entoure, voire une belle opportunité de découvrir une culture qui nous était alors inconnue. J'ai une amie, née de parents chinois, qui parle aussi bien le français que l'anglais que le cantonais! Le cantonais! C'est bizarre, mais personne ne critique ceux qui parlent plus de deux langues couramment. Mais dès qu'on ose tenter de promouvoir l'apprentissage de la langue de Shakespeare chez nos enfants, ça monte aux barricades.

Dans mon temps (ayoye!), à la sortie du primaire, je connaissais les mots "I go to the park" et c'était à peu près tout. Gros choc en arrivant au secondaire, où mon professeur ne disait pas un mot de français de toute la période d'anglais. En bon québécois, je comprenais fuck all. Et ça me décourageait profondément. Parce que j'aimais l'anglais. Parce que mes parents étaient bilingues et que je voulais l'être aussi. Je l'ai perfectionné à ma façon, en lisant des livres en anglais accompagnée de mon dictionnaire pour chercher les mots dont je ne connaissais pas le sens. Je suis par la suite devenue caissière dans une épicerie, où une grande majorité des clients étaient anglophones. Ensuite, ce fut la publication de textes en anglais sur Internet. En ai-je perdu mon français? Est-ce que j'écris ma langue maternelle toute croche? Est-ce que je lis moins de livres d'auteurs francophones? Trois fois non.

Voilà.

Pour un beau point de vue sur la chose, allez lire l'article de Rima Elkouri de La Presse.

4 commentaires:

  1. J'ai eu la chance d'aller habiter en Nouvelle-Écosse pendant 5 ans lorsque je suis rentré au primaire et jusqu'à ce jour je suis très reconaissante envers mes parents de nous avoir donné la chance d'apprendre l'anglais aussi jeune. It's a must, ne serais-ce que pour se faciliter la vie quand l'on voyage dans le monde entier.

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  2. Personne ne nie l’importance du bilinguisme ou de l’enseignement de l’anglais. Renforcer et perfectionner l’apprentissage de notre langue seconde sera toujours une bonne idée, et compte tenu du monde dans lequel on vit, je suis d’avis, comme tout le monde, que le bilinguisme est un atout important, sinon essentiel, que devraient posséder tous les Québécois.

    Je suis néanmoins en total désaccord avec la mesure proposée par le gouvernement Charest pour la bonne raison qu’elle est déplacée, excessive et qu’elle empiète sur les priorités. Au primaire, ce qui importe avant tout, c’est l’enseignement du français, et à constater le niveau de maîtrise démontré par les jeunes québécois, il est légitime de penser que l’école primaire est peut-être déficiente en la matière. Il est d’autant plus capital de consacrer le maximum de temps, d’énergie et d’efforts possible à l’apprentissage du français que celui-ci revêt le rôle de balise identitaire pour la nation québécoise. Ça ne remet pas en question la place que nous devons accorder à l’enseignement de l’anglais, mais une demi-année entière en anglais me semble empiéter sans vergogne sur un temps précieux qui devrait être mis à profit de meilleure manière.

    L’enseignement de l’anglais doit rester en vigueur; il doit sans doute être perfectionné, probablement intensifié, et assurément conservé. Mais il ne doit jamais et en aucun cas primer sur l’enseignement du français, encore moins à l’école primaire. Et bannir le français des salles de classe pendant une demi-année entière me semble une façon très étrange de marquer nos priorités. On devrait se concentrer sur un enseignement intensif et amélioré de notre langue chérie avant de proposer de la sortir des écoles primaires pour favoriser l’apprentissage de l’anglais.

    Alors, oui, la mesure proposée par Charest est dangereuse, illogique, et pire, elle brouille notre sens des priorités. Plus encore que l’impact réel sur la maîtrise du français qu’elle risque d’occasionner (et je suis convaincu qu’il peut être considérable), c’est le message qu’elle envoie qui m’inquiète: le bilinguisme est-il à ce point important qu’on puisse se permettre d’hypothéquer l’enseignement du français à son profit?

    Et Rima Elkouri, qui passe plus de temps à singer le choix de mots de Christian Dufour qu’à défendre une position convenable, fait preuve d’une abominable confusion lorsqu’elle reformule ses propos de manière à les ridiculiser. «Empêcher les élèves québécois d’apprendre l’anglais»? «Cesser de vouloir enseigner l’anglais à vos enfants»? «Permettre seulement aux élites de maîtriser l’anglais?»

    Personne n’a dit de telles choses. Dénaturer notre discours de cette manière, c’est de la solide mauvaise foi. Ce à quoi nous nous opposons, ce n’est pas d’enseigner l’anglais, c’est de bannir le français des salles de classe pendant cinq mois. Idée révoltante et insultante.

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  3. Caro: Je suis passée par la Nouvelle-Écosse une seule fois en allant aux Iles-de-la-Madeleine, mais je ne me souviens pas de grand-chose. Ça donne un bon bagage pour le futur, c'est certain!

    Mauvaise foi: Là, mon cher, je ne suis pas d'accord. On ne bannit pas le français des classes pour le restant de l'apprentissage de l'enfant, juste 5 mois! Et puis il va retourner à la maison à la fin de la journée et il va parler en français avec sa famille. Les enfants qui ont fait l'immersion en anglais parce que c'est leurs parents qui ont pris la décision n'en sont pas moins hypothéqués en finissant l'année, alors pourquoi ça serait néfaste d'appliquer la méthode à tous? De toute façon, je pense que ce n'est pas juste la responsabilité de l'école d'aider les jeunes à perfectionner leur français, mais aussi à la famille, en intéressant l'enfant à la lecture.

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  4. Je n'ai jamais dit qu'on bannissait le français des classes pour le reste de l'apprentissage. Que ce soit un jour, une semaine ou quatre ans, le principe est tout aussi inacceptable.

    Pourquoi ce serait néfaste d'appliquer la solution à tous? Parce qu'il y a une différence entre une décision des parents (privée) d'envoyer leur enfant en immersion (excellente idée) et une mesure gouvernementale (publique) qui s'applique au programme des écoles.

    Ce n'est pas «juste» la responsabilité de l'école d'aider les jeunes à perfectionner leur français? Bien sûr qu'une partie du travail se fait à la maison! Quel argument! Et quid de l'anglais? Est-ce la «responsabilité» de l'école d'offrir un perfectionnement anglais de cinq mois? Où est la priorité? Et il n'est pas question de minimiser la question en regard des années que l'enfant passe en enseignement français: il faut voir comment ces cinq mois d'enseignement devraient être mis à profit en eux-mêmes, indépendamment du reste de la scolarité.

    C'est quoi l'idée? La priorité publique, c'est le français, en tout temps. L'enseignement de l'anglais peut et doit être mené en parallèle. Mais pour reprendre ton argument, ce n'est pas la «responsabilité» de l'école publique d'offrir des cours intensifs en anglais. Ça n'est pas son rôle ni son utilité, surtout quand ça implique de mettre de côté, même pour une durée limitée, l'enseignement du français.

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