lundi 4 octobre 2010

Trop de deuils

Je regardais ces femmes, à Tout le monde en parle, qui ont goûté à la maternité pour à peine quelques heures, quelques jours, et je les trouvais si fortes d'être encore debout après une telle épreuve. Couver un petit trésor pendant neuf mois, le chérir avant même qu'il ne soit arrivé dans le vrai monde et faire un tas de projets futurs, c'est le cours normal des choses pour une femme enceinte. Voir tout cet avenir et cet amour mourir si tôt, ça, ce n'est pas normal.

Mon désir de devenir mère qui avait été enfoui bien loin en moi a été renouvelé à la naissance d'un nouvel amour. Au contact des enfants des autres dans mon entourage, ça m'a ouvert les yeux: ce n'est pas parce qu'on accepte une situation que l'envie disparaît pour toujours. Une pensée refoulée n'est en réalité que refoulée; elle peut donc remonter à la surface à tout moment. Avec l'envie remonte aussi un tas de craintes.

J'ai une possibilité devant moi, à présent. Je pourrais vivre l'expérience de donner la vie, être témoin de ce phénomène incroyable, de voir mon ventre pousser comme un ballon. De sentir la vie en moi d'une façon encore plus tangible et réelle que ce que je ressens présentement. Je pourrais...

Mais si je le perdais, cet enfant? Si ce corps que j'apprivoise encore ne pouvait supporter cet assaut de vie? Si l'improbable arrivait? Si les effets secondaires des anti-rejets inconnus de la médecine affectaient le fœtus d'une façon telle qu'il mettrait sa survie en danger? Si toutes ces incertitudes qui font peur aux médecins se concrétisaient? Si si si...

Trop de questions que je ne devrais pas me poser pour l'instant, mais que je me pose quand même. On m'a souvent répété à quel point on me trouvait forte et courageuse de m'être battue contre la maladie et d'avoir passé au travers d'une dure opération comme la greffe. Et des fois, ça me frustrait parce que ce n'est pas nécessairement de la force pour moi. C'est plutôt que je n'ai pas eu le choix. Je voulais vivre. Alors, j'ai tout donné. Parce que j'avais certaines armes à ma disposition pour me battre. Et peut-être que c'en est de la force et du courage au fond, je ne sais pas. Mais devoir faire le deuil d'un amour avorté, ça, je sais que je ne pourrais pas.

Je commence à en avoir marre de tous ces deuils dans ma vie.

3 commentaires:

  1. Très beau message! Tu as le courage de faire face au aléas de la maladie, aux incertitudes de la vie et de toujours avoir des projets!

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  2. Merci, ça me touche comme commentaires :)

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