vendredi 18 mars 2011

Juste un peu de compréhension

Je viens d'une famille nucléaire: d'un papa, d'une maman et d'une petite fille qui ont toujours tout fait ensemble. Un petit clan tissé serré. Un mari et une femme qui souhaitaient avoir un enfant depuis 5 ans, sans succès, jusqu'à l'arrivée tant attendue d'un petit bébé tout menu, un peu fragile. 4 ans plus tard, toujours pas d'autres enfants à l'horizon, mais l'annonce d'une nouvelle pas mal moins réjouissante: la petite fille est gravement malade.

J'ai été chouchoutée, gâtée pourrie, couvée, protégée. Pour toutes ces raisons, je pensais que je trouverais ça difficile de vivre sans mes parents, de vivre enfin ma vie. Un peu d'angoisse de séparation, quoi. Mais pas vraiment, en fin de compte. Je me sens bien loin de la maison. Je ne ressens pas tant le besoin de téléphoner pour prendre des nouvelles ou donner des miennes.

Je n'en pouvais plus à certains moments. Et en parlant avec ma mère hier soir, je me suis rappelée pourquoi. Dans mes choix professionnels, j'ai toujours eu cette impression qu'elle ne comprenait pas ma future profession, mon intérêt pour ces gens dans le besoin, pour les clientèles plus difficiles. Les travailleuses sociales qui m'ont supervisé m'avaient dit de ne pas m'en faire avec ça, qu'en général, les parents d'intervenants avaient de la misère à comprendre le travail de leurs enfants. Ça m'a au moins montré que je n'étais pas toute seule dans cette situation.

À chaque fois que je tentais d'expliquer mes journées en stage, ou de rapporter une discussion que j'avais eue avec ma superviseure, c'était la même remarque qui revenait: "Moi pis le grattage de nombril là! Vous faites juste tout analyser tout le temps, cou donc!" Ben oui, on analyse. On n'est pas des psychologues, mais pas loin. On gère des états d'âme, des émotions vives, ceux des autres et les nôtres par ricochet.

Quand j'ai parlé de Centre jeunesse et de DPJ, le premier commentaire a été que c'était un milieu dur. Oui, c'est vrai. Mais c'est ça, notre travail. On n'appelle pas les TS pour jouer au Monopoly. On gère de la délinquance juvénile, de la négligence, des adultes en perte d'autonomie... L'hôpital, en gériatrie, ça aussi, c'était dur. Pas au même niveau, mais les personnes âgées atteintes de démence souffrent aussi.

Je ne sais plus trop où mes pensées m'amènent, mais une chose est sûre: c'est beaucoup plus facile de discuter travail social avec mon homme. Pourtant, il n'est pas du tout dans le même domaine que moi. Question de génération, peut-être... Au moins, je n'ai plus à me justifier constamment, peu importe le sujet. Sauf au téléphone.

4 commentaires:

  1. Tu sais, je crois qu'il y a des sujets qui sont tout simplement plus épineux avec les parents.... J'en ai des sujets de ce genre-là avec les miens. Je te dirais bien que ça passe. Mais cpas vrai. Mais bon, dis-toi que nous aussi on dit pas toujours ce que nos parents veulent attendre. L'important, c'est de s'aimer quand même. Et parfois de changer de sujet ! Ahahahahah !

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  2. J'ai travailler en gériatrie et je te comprends. Ces personnes qui un jour étais si vif d'esprit et qui aujourd'hui ne sont plus dans le même univers que nous, c'est triste.

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  3. Je peux comprendre la réaction de ta mère : "Moi pis le grattage de nombril là! Vous faites juste tout analyser tout le temps, cou donc!" Il y des gens qui pensent encore comme ça. Qui ne veulent pas approfondir les choses et connaître les souffrances des autres, peut-être parce que ça leur renvoi leurs propres souffrances... Ils ne veulent pas voir, c'est tout. Un conseil? Épargne ta pauvre mère de ces sujets et profite de l'ouverture d'esprit de ton homme. ;)

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  4. Impulsive: Nos parents ne disent pas toujours non plus ce qu'on veut entendre! Ça marche à deux ce jeu-là faut croire!

    Caro: J'ai trouvé ça dur la gériatrie. Je ne savais pas comment intervenir... je ne me sentais pas à ma place. C'est très triste de penser que ça pourrait nous arriver aussi en vieillissant.

    What the fuck: Je veux bien, sauf qu'après ça, elle chiale que je ne lui dis rien! Y a rien à comprendre...

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