Je ne suis pas encore officiellement déménagée, mais ça m'a fait tout drôle d'arriver chez mes parents comme de la visite bien normale pour le brunch de la fête des Mères. Mon oncle était déjà là, assis dans la cuisine, et je suis rentrée tout bonnement, sans sonner.
Ma mère de s'exclamer, "Voyons, je me demandais qui est-ce qui rentrait de même sans s'annoncer!". Moi de répondre, "C'est encore chez nous à ce que je sache!".
Je sais bien que ça sera toujours un peu mon chez-moi, parce que c'est dans cette maison que j'ai grandi et où on a tout vécu ensemble mes parents et moi, mais malgré tout, malgré mon grand besoin de liberté et de vivre ma vie à l'âge vénérable que j'ai atteint (je parle comme si j'avais 40 ans...), ça va me faire un petit pincement au cœur quand toutes mes bébelles vont être emballées dans des boîtes en carton et que tous mes vêtements vont élire domicile dans un autre garde-robe.
C'est ça, vieillir, j'imagine. Des fois, je me demande si je suis assez mature pour ça. Je continue d'appeler ma mère comme une adolescente surexcitée quand je reviens du centre d'achats avec des sacs pleins de belles trouvailles pour tout lui décrire en détail. Quand je me chicane avec mon homme, je lui envois des messages texte de boudin d'enfant gâtée pourrie. Et quand j'ai mal au ventre, même si mon homme est à mes côtés, je souhaite secrètement que ce soit ma maman qui soit là pour prendre soin de moi et me flatter les cheveux pour faire partir la douleur.
Cette même maman qui n'a jamais été d'une grande patience, surtout quand elle manque de sommeil, mais qui a tenu ma main à 3 heures du matin dans une sombre chambre d'hôpital parce que j'étais trop angoissée pour dormir après ma greffe. J'avais si mal et les narcotiques me faisaient halluciner, et je me réveillais en sursaut et en sueurs à tout bout-de-champ. Je voulais lui dire de retourner se coucher sur l'inconfortable civière fournie par le personnel, mais en même temps, je m'agrippais de toutes mes forces à cette présence rassurante. Et puis, je me ressaisissais et j'affirmais bravement que ça allait mieux et qu'il fallait toutes les deux dormir. J'ai fixé longuement l'horloge accrochée au mur en face de moi, à compter les minutes, en espérant que Morphée serait clémente et viendrait elle aussi me prendre dans ses bras pour quelques heures. Mais elle ne venait pas souvent. Mais ce n'était pas si grave que ça, au fond, parce que ma mère était là.
Mon père m'a dit un jour que tu étais comme une féroce lionne, prête à tout pour protéger ses petits. Et il avait tellement raison. Grâce à toi, les méchants monstres ne rôdaient jamais bien longtemps autour du petit lionceau. Je veux simplement te dire merci Maman, pour tout ce que tu as fait pour moi. Je t'aime.
Touchant!
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